
« J o u r n a l i s t e f r a n c e b l e u »
Bonjour François, merci de jouer le jeu avec nous. Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ? Nom, prénom, lieu de naissance et club de cœur.

François Manoury, je suis né le 18 janvier 1976 à Sainte-Adresse. Le HAC est évidemment mon club de cœur, celui de ma ville, celui que j’ai le plaisir de suivre professionnellement depuis de nombreuses années. Maintenant, ceux qui me connaissent savent que j’ai beaucoup d’affect pour le FC Nantes. C’est pour ça que le match d’hier avait pour moi une saveur particulière.

Te rappelles-tu de ton premier match du HAC ?
Comment l’oublier ? C’était HAC – Mulhouse, ai-je besoin de préciser la date ? C’est le père d’un copain du primaire qui m’y avait emmené. On était dans le kop face au grillage. C’était de la folie. Je revois les sourires, le bonheur de toutes celles et ceux qui étaient au stade ce jour-là. Et j’entends encore ces klaxons qui ont retenti dans la ville jusqu’au bout de la nuit. Ça restera à jamais dans ma mémoire.
Le HAC vient de s’imposer au Stade Océane face à Nantes 3-2. Qu’as-tu pensé du match ?

C’était fort émotionnellement, déjà pour des raisons personnelles que je viens d’évoquer. Et le scénario ! Il nous fallait la victoire coûte que coûte. Les gars sont allés la chercher avec beaucoup d’abnégation.
Qu’as-tu pensé du match globalement ? Point fort, point faible, joueur top, joueur flop ?

C’était super chouette à commenter. J’aurais bien sûr aimé que nos Ciel et Marine maîtrisent mieux le match, ne se fassent pas rejoindre deux fois au score, montrent plus de solidité défensive. Mon top, Abdoulaye Touré. Au-delà de son abattage au milieu, ce qui m’impressionne chez lui, c’est la force, la conviction et le sang-froid qu’il dégage au moment de tirer ses penalties. La force tranquille. S’il n’y avait pas eu la victoire au bout, je ruminerais encore la balle du 3-1 manquée par Andrée Ayew, la frappe sur la barre de Junior Mwanga. Mais quand on voit tout ce que donnent ces deux joueurs, il m’aurait été impossible de les accabler.
Toi qui es journaliste et qui suis de très près l’équipe du HAC, que peux-tu nous dire sincèrement de l’ambiance qui règne ?

C’est difficile de répondre parce que oui, je suis tous les matches de l’équipe, mais je ne la suis pas d’aussi près que ça. Je n’assiste pas aux entraînements par exemple. À mes débuts dans le métier de journaliste, il était possible d’interviewer les joueurs dans le vestiaire après le match. Aujourd’hui, tout est verrouillé. La communication est devenue un sujet tellement sensible qu’il convient de faire la part des choses entre ce que disent nos interlocuteurs et ce qu’ils pensent réellement. Ce que je peux dire, ce que je ressens en tout cas, c’est que l’ambiance semble plus saine depuis le mercato d’hiver avec l’arrivée de joueurs qui apportent de la fraîcheur, un nouvel élan, et le départ d’autres joueurs qui, à mon avis, ne s’inscrivaient plus dans le projet.
Si tu devais retenir un seul joueur dans chaque équipe, lesquels choisirais-tu ?
Aucun. C’est peut-être bateau ce que je dis là, mais si joueur, aussi bon soit-il, ne se met pas au service du collectif, je ne le choisis pas. C’est une équipe dans son entièreté que je prends. Et celle du HAC hier m’a beaucoup plu.

Le match a été fou. On mène, puis on est rattrapé, puis on reprend l’avantage avant d’être à nouveau rattrapé pour finalement marquer le but de la victoire. Comment as-tu vécu ce match ?
Avec stress et passion. Je n’ai cessé de bassiner ma femme durant toute la semaine qu’il nous fallait impérativement les 3 points. Ils sont là, après un match riche en rebondissements, une belle promotion pour la Ligue 1. Quand vous rentrez à la maison le soir, vous ressentez une forme d’apaisement… Jusqu’au prochain match à Montpellier, où là aussi, il nous faudra les 3 points.
Le HAC reste vivant dans la lutte. Si tu devais pronostiquer les équipes qui descendraient en Ligue 2, quel serait ton avis ?
Un avis ou une envie ? Je veux que le HAC, Nantes et à un degré moindre Saint-Etienne se maintiennent. Pour le reste…
Sur trois buts face à Nantes, le HAC marque deux penaltys et un but dans le jeu. Que penses-tu de l’attaque du Havre depuis janvier ?

Durant la première partie de saison, je me demandais à quel moment on serait capable de marquer un but. Aujourd’hui, je me demande à quel moment on va marquer. Ces matches à Lille et à Lens, celui à Lyon malgré la défaite, et celui d’hier, c’est le foot qu’on aime. Des joueurs ont énormément progressé, je pense notamment à Josué Casimir et Issa Soumaré. Et un joueur que j’apprécie beaucoup, même si je pense qu’il peut apporter plus, c’est Hamed Hassan. Je suis convaincu qu’à l’échelle du HAC, c’est un top attaquant.
Didier Digard a été décrié pendant un temps. Toi qui le côtoies régulièrement, que penses-tu de lui ?

Non, je ne le côtois pas régulièrement. J’échange uniquement avec lui lors des confs de presse d’après-match. On peut remettre en cause ses compos, ses choix tactiques, de toute façon seuls les résultats comptent, mais ce que je ne supporte pas, c’est qu’on le juge sur sa personnalité. J’ai parlé de « délit de sale gueule ». Que les choses soient bien claires, mes propos ne visaient pas les supporters, ceux qui ont été et seront toujours là, mais ces personnes qui, avant même le début de saison, disaient : « Digard, je le sens pas, il est mou dans ses propos… » C’est juger une personne avant même de la connaître.
J’aimerais avoir ton avis sur le CVC, et toutes ces histoires avec la Ligue. Le HAC a été largement floué. Comment le foot peut-il s’en sortir ?

Avec des dirigeants compétents qui penseraient davantage à l’intérêt du foot qu’à leurs propres intérêts.
Jean-Michel Roussier a été l’un des premiers, pour ne pas dire le premier, à alerter sur la situation. Penses-tu que le HAC peut espérer toucher ce qu’il aurait dû toucher ?
Je le souhaite évidemment, mais c’est l’histoire du pot de fer contre le pot de terre. On ne pourra pas reprocher à Jean-Michel Roussier de tout mettre en œuvre pour défendre les intérêts du HAC. Il est regrettable, selon moi, que certains de ses collègues n’en fassent pas de même et qui aujourd’hui serrent les fesses pour ne pas voir leur club descendre en Ligue 2, voire pire.
Le public répond présent depuis un bon moment maintenant, le stade vit très bien, les supporters sont remarquables. Quel message leur ferais-tu passer pour la fin de cette saison et la lutte pour le maintien ?

Je ne sais pas si ma plus grande crainte est de voir le HAC redescendre en L2 ou de revoir le Stade Océane aux trois quarts vide. Nous étions 20 000 hier contre Nantes pour un match entre le 16e et le 13e. Je n’ai pas de message à faire passer aux supporters, les vrais, ils sont, comme vous le dites, remarquables.
Le prochain match à Montpellier va être important. Comment penses-tu que l’équipe va l’aborder ?
Avec la bave à la gueule pour reprendre l’expression d’un entraîneur que j’avais étant gamin.